Si vous aussi souhaitez travailler au Royaume Uni, je vous livre ici mon expérience et mes astuces. En effet, trouver du travail lorsque l’on s’expatrie sans maîtriser totalement la langue du pays est un des challenges qui peut en freiner plus d’un : c’était en tout cas ce qui m’angoissait le plus lorsque j’ai posé le pied, en octobre 2016, sur le sol britannique.  

Travailler au Royaume Uni, un vrai challenge qui se prépare

Est-ce difficile de travailler au Royaume Uni? Si vous cherchez dans n’importe quel domaine et êtes prêts à ne pas compter vos heures, la réponse est clairement NON. Sans aucune expérience dans la restauration et avec un niveau d’anglais correct mais pas incroyable non plus, j’ai réussi à trouver sans trop de difficultés un job de barista dans un coffee shop à Guildford, petite ville cossue du Sud de Londres, où j’ai travaillé environ quatre mois à temps plein (c’est-à-dire 45 heures par semaine… mais ceci est une autre histoire!).

Il faut dire que la balance est du côté des demandeurs d’emploi au Royaume-Uni : le pays enregistre une pénurie de main d’oeuvre récurrente et le Brexit n’est pas près d’arranger le Schmilblick… Il y aurait actuellement 767000 emplois à pourvoir Outre Manche, selon l’agence de statistiques ONS, dans des domaines aussi variés que le nettoyage, la restauration, la médecine ou la comptabilité…

Cependant, le marché du travail a des règles (ou plutôt n’en a pas) bien différentes de celles de la France, où le salarié est beaucoup beaucoup beaucoup (bon vous avez compris) moins protégé.

Voici mes conseils si vous vous apprêtez à traverser le tunnel pour chercher un petit boulot sur les terres de sa majesté. Moussaillons gaulois, préparez-vous à…

Raconter votre vie en long, en large et en travers sur votre CV

Quand j’ai demandé à mes amis anglais de m’envoyer une copie de leur CV, j’ai compris qu’ils ne rigolaient pas avec ça : après une introduction d’une dizaine de lignes pour résumer parcours, objectifs de vie, de carrière, vision du travail et citer leurs innombrables qualités, vient ensuite une liste archi complète des études et expériences du candidat. Les Britanniques (je ne sais pas ce qu’il en est pour les Américains) vont même jusqu’à mettre les notes, matière par matière, qu’ils ont obtenues au bac… Un CV anglais peut facilement faire deux pages sans que cela ne pose problème… Alors, si vous voulez vraiment travailler au Royaume Uni, vous allez devoir vous creuser la tête pour raconter votre vie, votre oeuvre et donner envie au recruteur de vous embaucher!

Trouver des annonces de recrutement placardées dans les trois-quarts des magasins de votre ville

La ville où j’ai prospectée, Guildford, compte environ 75 000 habitants. Dans cette bourgade plutôt aisée, située à une quarantaine de kilomètres au sud de Londres, il y a deux rues commerçantes. Sans mentir, j’ai bien dû trouver des annonces de recrutement placardées dans au moins un magasin sur trois. C’est-à-dire que je n’avais même pas besoin de déposer mes CV au hasard en demandant si la boutique recrutait, puisque quasiment tous les magasins sont en recherche de main d’oeuvre, souvent à temps partiel mais aussi à temps plein. Coiffeurs, cafés, restaurants et magasins de vêtements sont les principaux types d’employeurs si vous recherchez un job peu qualifié.

En ligne, sur des sites comme Indeed, il y a énormément d’annonces d’aide-soignante, auxiliaire de vie, serveur dans des pubs ou employé de supermarché. Bref, l’offre est large et même si la concurrence est rude, il est très facile de se faire embaucher. Pour le secteur de l’aide aux seniors, la pénurie est telle que j’ai vu bon nombre d’annonces proposer des formations express en deux semaines!

Répondre à des tests en ligne démoniaques

Les grandes enseignes de prêt-à-porter type H&M, Primark, Debenhams (équivalent des Galerie Lafayette) ou Marks & Spencer sont les pires : après avoir rempli un formulaire quasi militaire vous demandant vos coordonnées, vos précédentes expériences, salaires, éventuel passif carcéral… vous voilà redirigé vers une plateforme de test comprenant au moins une vingtaine de questions. Il y a en général plusieurs réponses possibles et vous devez choisir celle qui vous semble la plus appropriée.

Je crois que la palme revient, pour ma part, à Primark, où je me suis vue répondre à des questions du type : « Vous passez dans un secteur du magasin qui n’est pas le vôtre et voyez que les vêtements ne sont pas rangés correctement. Que faites-vous? », « votre collègue a pour habitude de prendre une pause beaucoup plus longue que ce qui est autorisé, quelle est votre réaction? » ou « votre manager vous dit de ranger des vêtements d’une certaine façon. Quand vous avez terminé, un autre manager vous interpelle pour vous demander de ranger lesdits vêtements autrement. Que faites-vous? », etc.

Remplir des formulaires sur vos origines ethniques

Etes-vous asiatique (Indien, Pakistanais ou autre?), noir (Caribéen, Africain?), arabe, métis, blanc britannique, blanc irlandais (protestant ou catholique?), européen? J’ai d’abord cru à une blague, mais non : apparemment, cette question, posée à la fin de certaines candidatures en ligne (elle vous est aussi posée quand vous vous inscrivez au NHS, le système de santé britannique) serait en fait une requête du gouvernement pour mieux analyser qui postule dans tel secteur, entreprise, région… et mieux promouvoir la diversité. Vous pouvez choisir de ne pas répondre à cette question plutôt indiscrète, mais, dans tous les cas, pas de panique : cette information n’est a priori pas utilisée par les recruteurs et envoyée directement dans une base de données du gouvernement.

Mais quand même… j’ai trouvé ça assez dérangeant que l’on me demande, en 2017, à quelle « ethnie » j’appartiens, d’autant que certains formulaires demandent non seulement votre couleur de peau, mais aussi si vous appartenez à la communauté des gens du voyage, ou, pour les Irlandais, si vous êtes catholique ou protestant…

Transpirer sévère les premiers jours

 

 

 

 

 

 

Là,  je ne vous apprends rien : travailler au Royaume Uni, c’est se confronter à la barrière de la langue mais aussi à certains écarts culturels. Si vous travaillez dans le commerce ou la restauration, gare à la monnaie : le montant des pièces est écrit en tout petit, par conséquent, cela peut ajouter du stress et de la confusion lorsque vous devez rendre la monnaie… C’est un détail que je n’avais pas anticipé, et croyez-moi, on se sent vraiment bête quand on doit scruter les pièces, sous le regard amusé (ou agacé) du client…

Autre difficulté, que j’avais anticipée cette fois : la compréhension orale. Vos nouveaux collègues ou les clients (si vous devez travailler avec la clientèle) évoluent dans un milieu et une langue qui leur sont familiers, donc, ils vont vous expliquer les choses très vite. A mes débuts, j’avais des sueurs froides quand les clients me demandaient leur café : d’abord parce qu’ils parlaient vite et n’articulaient pas forcément, mais aussi parce que les types de café ne sont pas du tout les mêmes au Royaume-Uni.

Ainsi, un « Hazelnut skinny latte » (café au lait écrémé à la noisette) ou un « Flat White » relevaient pour moi plus du chinois que de l’anglais… Mais rassurez-vous, tout ça s’apprend très vite!

Découvrir une autre conception du droit du travail

Il n’y a pas de code du travail au Royaume-Uni. Bon, il existe quand même des textes de loi prévoyant l’obligation d’établir un contrat de travail, le salaire minimum (qui existe bien!), ou luttant contre les discriminations. Une chose est sûre : les textes de loi penchent beaucoup moins en faveur du salarié qu’en France. Par exemple, pour contester un licenciement abusif devant les tribunaux, il faut avoir minimum deux ans d’ancienneté dans l’entreprise! S’il est donc facile de signer un contrat en CDI, il est aussi beaucoup plus simple de licencier un salarié…

Point de 35 heures of course (le plafond maximum légal est cependant fixé à 48 heures par semaine, sauf mention contraire dans votre contrat). Quant aux grèves, pour qu’elles soient légales, plus de la moitié des salariés doivent participer à un vote préalable et la moitié des votants doivent donner leur feu vert aux grévistes.

Sachez également que la période d’essai n’a pas de minimum ou maximum légal, cela varie d’une entreprise à l’autre. De même, le préavis de départ est de seulement une semaine si vous avez travaillé moins de deux ans dans l’entreprise, que ce soit vous qui décidiez de partir ou votre boss qui vous licencie. Autre différence: le travail du dimanche est autorisé depuis 1994, donc attendez-vous à ce qu’on vous propose du travail dominical (pas forcément payé plus). Car en Angleterre, quasiment tous les magasins sont ouverts le dimanche, il y a même des grandes surfaces ouvertes 24h/24… Travailler au Royaume Uni, c’est donc aussi faire l’expérience d’une culture du travail aux antipodes de la nôtre!

Faire des heures supplémentaires… au même taux

Travailler plus pour gagner plus, d’accord, mais au même taux! A part si votre contrat le spécifie (si toutefois vous avez signé un contrat…), les heures que vous effectuerez en plus des horaires définis dans votre contrat ne sont pas majorées. Et cela semble d’ailleurs logique dans le sens où la législation n’impose aucune durée légale du travail, seulement un maximum (48 heures hebdomadaire) à ne pas dépasser.

Avoir des collègues de toutes nationalités… sauf anglaise

Passons maintenant aux bons côtés du travail à l’anglaise! Car oui, travailler au Royaume Uni, c’est avoir des collègues espagnols, vénézuéliens, polonais, slovaques, hongrois… et c’est plutôt chouette! Dans la restauration, la main d’oeuvre est en effet majoritairement étrangère, souvent jeune, et originaire des pays de l’Union européenne. 

Et comme on est un peu tous dans la même galère, que notre anglais est un peu hésitant, les liens se tissent assez vite… J’ai ainsi découvert des bouts d’histoire de personnes venant de pays totalement différents. Une collègue hongroise m’a ainsi confié qu’à Budapest, elle travaillait 12 heures par jour dans un restaurant pour un salaire de £1,5 de l’heure. Durant mes quatre mois de travail, j’ai aussi appris des mots de slovaque, découvert la beauté de la musique vénézuélienne, la diversité de la gastronomie polonaise, l’accent chantant des Galiciens…

Alors oui, si vous voulez améliorer votre anglais, vous n’allez pas forcément beaucoup progresser, mais travailler dans la restauration est peut-être l’un des meilleurs moyens de mieux comprendre cette population immigrée qui fait définitivement partie de la culture britannique, Brexit ou pas…

Être le seul à vous plaindre

Une des choses qui m’a frappée quand j’ai commencé à travailler au Royaume Uni, c’est l’importance accordée par les employeurs sur le fait « d’aimer son travail ». Lors de mon essai dans un fast food, l’employé qui me formait a dû me demander quatre fois en deux heures si j’appréciais de travailler ici… La plupart de mes collègues barista ne se sont jamais plaints de leur salaire, de leur absence de contrat, de leur unique pause de 30 minutes sur une journée de 9, voire 10 heures. Pour l’anecdote, mes collègues m’avaient surnommée « the grumpy French » (la Française grincheuse)…

Les dessins ont été réalisés avec le site Storyboardthat, une plateforme super pratique et simple d’utilisation pour les nuls en dessin comme moi!

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