Update : je ne vis plus à l’étranger depuis 2023, mais cette expérience de 6 ans hors des frontières de mon pays a été extrêmement enrichissante et je ne regrette pas une seconde d’avoir osé franchir le pas !  

J’adore écouter les autres raconter les épisodes qui ont marqué leur vie ou qui ont opéré un déclic chez eux. Aujourd’hui, je me prête à l’exercice et je vous partage une période qui a complètement changé le cours de mon existence : celle où j’ai décidé de tout plaquer pour enfin être en accord avec moi-même. Mais avant d’en arriver là, il faut remonter la pellicule du temps à 2015.

Photo : Kasia Sekuła

De la difficulté de tout quitter…

A cette période, il y avait un gros décalage entre la vie que je menais et celle que je souhaitais vraiment vivre. Jusqu’alors, mon parcours avait été des plus classiques : école de communication puis école de journalisme, stage puis emploi. Je travaillais dans le même journal, à Bordeaux, depuis plus de deux ans et, même si mon boulot me plaisait, je m’ennuyais ferme.

Je passais mes soirées le nez fourré dans les blogs voyage, à rêver de terres chaudes et inconnues, d’éléphants ridés et de vaches maigrichonnes, de sac à dos qui ferait hurler mon dos de douleur, de tourista… Et puis, je voulais apprendre à parler correctement anglais. C’était un gros handicap qui me complexait énormément à l’époque.

Mais je n’arrivais pas à passer à l’action. J’étais engluée dans une routine que j’étais incapable de quitter, un train-train quotidien tiède et réconfortant. Quand on a une vie millimétrée, pas facile de tout quitter. J’avais aussi peur d’être déçue, de regretter, de céder à un caprice, une mode.

… à mon premier coup de foudre

Et puis, j’ai vécu une rupture amoureuse. Une expérience douloureuse qui m’a paradoxalement donné le déclic dont j’avais tant besoin. J’ai remarqué que ce sont souvent les évènements inattendus et/ou difficiles qui nous poussent à prendre de grandes décisions. Je me retrouvais seule face à moi-même : qu’allais-je bien pouvoir faire? Je n’avais jamais été aussi triste de ma vie mais je voyais en même temps s’ouvrir un champ infini de possibilités : les éléphants ridés et les vaches maigrichonnes ne m’avaient jamais semblé aussi proches. Il m’a fallu de longues heures de réflexion, de nombreuses lectures inspirantes et surtout, que je sois enfin honnête avec moi-même : je n’étais pas heureuse à l’endroit où j’étais à ce moment-là, pour me décider.

Le projet a mis des mois à mûrir. Je me rappelle de cette période comme un des meilleurs moments de ma vie : je vivais toujours dans mon confort tout doux tout en me préparant à vivre une expérience dont je rêvais depuis des années, une expérience qui allait totalement changer ma vie. Je ne savais pas où, ni quand exactement ni comment, mais je savais que dans quelques mois, j’allais passer du rêve à la réalité. C’était génial et flippant à la fois!

J’ai eu une idée : partir en Australie via le PVT, le visa vacances travail

C’est aussi à cette période que j’ai effectué mon premier voyage solo, à Berlin. Easyjet avait eu la bonne d’idée d’ouvrir à ce moment-là une ligne directe Bordeaux-Berlin et j’ai tout de suite pris mes billets. C’est là que j’ai eu mon premier coup de foudre. J’ai aimé la ville dès l’instant où je l’ai vue depuis le S-Bahn qui me menait de l’aéroport au centre-ville. Seul hic : l’échange avec les autochtones avait été un peu compliqué du fait de mon piètre niveau d’anglais.

En rentrant chez moi, cette autre vérité m’est soudainement apparue comme une évidence : il fallait absolument que je parle anglais couramment. Comment pouvais-je prétendre voyager si je ne pouvais pas me faire comprendre à l’étranger? Et j’ai eu une idée : partir en Australie via le PVT, le visa vacances travail.

changer de vie
La vue qui m’a fait aimer Berlin au premier coup d’oeil, mai 2016.

Rêve australien… et deuxième coup de foudre

Ce qui nous amène à la deuxième partie de cette épopée. Pour améliorer mon anglais, je suivais des cours mais je voulais pratiquer avec des natifs. Je m’étais inscrite au hasard sur un site Internet de tandem linguistique qui mettait en relation des personnes voulant apprendre des langues dans une même ville. Très vite, via ce site, j’ai rencontré beaucoup d’Anglophones et j’ai réalisé que je n’étais pas la seule à rêver de voyages, d’éléphants ridés et de vaches maigrichonnes…

En un mois et demi, j’ai rendu mon appartement, quitté mon boulot et pris ma petite 206, direction: Londres!

C’est aussi comme ça que j’ai rencontré Jonny, un Anglais dont l’élégance et l’ouverture d’esprit ont rendu mon apprentissage de la langue de Shakespeare particulièrement agréable… Et ce fut le deuxième coup de foudre de l’année… Je me rappelle encore de cette douce euphorie qui s’est emparée de moi les semaines qui ont suivi, et qui m’a, par la même occasion, ôté les derniers doutes et peurs qui me tordaient le ventre.

A cette période, je venais d’obtenir le visa vacances travail pour l’Australie. Pourtant, quelques semaines plus tard, retournement de situation: j’ai finalement décidé de ne pas partir à l’autre bout du monde… mais de l’autre côté de la Manche, avec mon Anglais!

Tout est ensuite allé très (très) vite. En un mois et demi, j’ai rendu mon appartement, quitté mon travail et pris ma petite 206, direction : Londres! Je me rappelle avoir mis des mois avant de réaliser que ma vie d’avant était bel et bien finie et que je commençais un nouveau chapitre tout neuf. J’avais l’impression de redevenir enfant : j’apprenais une autre langue, décodais une culture qui m’était étrangère et me confrontait à des situations totalement inédites, moi qui était tellement habituée au confort de ma routine… J’ai vécu cette année comme une délicieuse parenthèse entre deux vies. Car aujourd’hui, mon Anglais et moi avons quitté Londres… pour Berlin, ma ville coup de coeur!


BILAN

  • Pas de regret, ça non ! Mon quotidien est aujourd’hui certes beaucoup moins confortable (je ne travaille qu’à mi-temps et je vis dans un pays dont je ne maîtrise pas la langue) mais je n’ai jamais autant fait de nouvelles choses dans un laps de temps aussi court.
  • Je suis enfin en phase avec moi-même, et c’est peut-être ce qui compte le plus. Je me lève le matin avec le sentiment de mener une vie qui correspond à mes aspirations.
  • Je parle anglais couramment (mais non, je ne rêve pas en anglais). Vivre avec un Anglais m’a beaucoup aidée et je parle anglais aujourd’hui environ 75% du temps, que ce soit au travail ou avec des amis « internationaux ».
  • J’ai réalisé plusieurs grands rêves : j’ai fait du volontariat et effectué ce fameux voyage en sac à dos en Asie durant la même année (j’ai même échappé à la tourista haha).
  • Je me sens plus Française que jamais : ça peut paraître paradoxal, mais le fait de m’éloigner de mon pays m’a fait prendre conscience d’une identité culturelle à laquelle je ne me croyais pas si attachée. Idem pour ma famille et mes amis : je les vois moins mais les liens sont d’autant plus forts.
  • Je vis aujourd’hui dans une ville dynamique dont j’apprends tous les jours.

volontariat-calais
A Calais, dans la salle de tri d’une association d’aide aux réfugiés, novembre 2016.
tout quitter pour vivre à l'étranger
Au Japon, à Kyoto, devant le majestueux Golden Pavilion, octobre 2017.

Tout quitter d’accord… mais pour faire quoi ?

C’est une question que je me suis longtemps posée… Qu’allais-je bien pouvoir faire à l’étranger sans maîtriser totalement la langue? Travaillant dans la rédaction, impossible pour moi d’envisager un job de rédactrice/journaliste autrement qu’en français. En Angleterre, mon objectif était de trouver un emploi pour garder de l’argent de côté et pratiquer mon anglais. J’ai donc travaillé quatre mois dans un café. Je n’avais jamais travaillé dans la restauration avant. Cela a été un vrai challenge, surtout dans une autre langue, mais j’en garde un magnifique souvenir.

tout plaquer
Dans le café où j’ai travaillé en Angleterre.

En Allemagne, la réponse a été moins évidente et j’ai clairement dû batailler et enchaîner les expériences (pas toujours bonnes!) avant de trouver un emploi qui me corresponde. En effet, je pensais d’abord travailler dans un call-center en français pour mettre de l’argent de côté. Mais, face à de nombreux refus, j’ai tenté la restauration, histoire de pratiquer mon allemand. Là aussi, mes plans ne se sont pas déroulés comme prévu (annulation de mon embauche au dernier moment…). J’ai finalement trouvé in extremis un emploi de rédactrice web à mi-temps dans une agence de marketing. Après six mois à survivre avec un demi-salaire (j’en ai avalé des coquillettes au fromage…), j’ai finalement trouvé un emploi à temps plein (et que j’aime) : je suis aujourd’hui rédactrice web pour une entreprise de location de voitures. Dans mon temps libre, je me documente sur l’histoire de Berlin, j’écris pour le blog et je découvre les trésors cachés dont regorge la capitale allemande.

Voilà, maintenant vous savez tout sur cette période qui a complètement changé ma vie. J’espère que ce témoignage vous poussera vous aussi à réaliser vos rêves, qu’il s’agisse de partir vivre à l’étranger, explorer ce pays qui vous fait tant vibrer ou quitter votre emploi pour élever des moutons dans le Larzac!

Avez-vous vécu une période importante qui a changé votre vie? Si oui, n’hésitez pas à la partager dans les commentaires!

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10 Comments

    • Elodie Souslikoff Reply

      Haha merci Roxane, oui j’imagine bien 😉 🙂

  1. Très bel article et merci de nous livrer ton parcours ! C’est toujours intéressant de comprendre pourquoi et comment les autres sont partis de la France et on te rejoint bien sur un point : la question de l’identité ! C’est réellement lorsque l’on est loin que l’on se sent plus français que jamais 🙂 On se retrouve pas mal dans ton bilan bien que notre expérience soit différente !
    Bonne journée,
    Amélie & Laura

    • Elodie Souslikoff Reply

      C’est clair, le pire c’est quand je me suis rendu compte que les clichés sur les Français étaient en fait plutôt vrais… C’est une conséquence de la vie à l’étranger que j’aime beaucoup finalement car elle permet de prendre du recul sur notre propre identité. Bref, un sujet passionnant!

  2. Merci pour cet article dans lequel je retrouve mon expérience en grande partie.
    J’interviens surtout au sujet de la question des « coquillettes » à Berlin : c’est un peu comme nos « vrais » cornichons : difficile à trouver ici !!
    Belle continuation !

    • Elodie Souslikoff Reply

      Merci, super si l’article te parle ! Je n’avais jamais fait attention que les coquillettes n’existaient pas dans les rayons allemands 🙂

  3. J’aime beaucoup découvrir ton expérience et ce qui t’a motivé à changé de vie. En plus, tu as l’air épanouie maintenant, c’est le plus important 😉
    J’ai « changé de vie » à plusieurs reprises. La dernière en date c’est en 2016, on a quitté la France en 3 mois pour devenir Nomade en Asie. On ne savait pas où on mettait les pieds mais au final ça nous plait bien et on ne s’ennuie pas. Ce changement est le résultat d’un certain ras le bol de ce qu’on avait et de ce qu’on n’avait pas en France. Mon conjoint avait exprimé son envie de partir régulièrement pendant l’année qui a précédé notre décision. Je n’étais pas prête, je n’en voyais pas l’intérêt. J’avais 3 tafs, je venais de commencer un boulot de prof dans lequel je m’éclatais… Et puis il y a eu la mauvaise nouvelle de trop. Celle qui m’a fait me lever et dire à mon conjoint sans raison: « Ca te dit qu’on se casse en Inde? »… C’est comme ça que ça a commencé.
    Aucun regret. Contrairement à toi, la tourista je la connais bien… (Malheureusement). J’ai trouvé un mode de vie qui me correspond bien, on a appris à se découvrir différemment, on a vu et vécu des choses de dingues, on a croisé de très belles personnes (et des moins belles!). Et j’ai bonne mine même en février! Ahahah!
    Outre l’idée de voyage, là où je me retrouve dans ce que tu écris, c’est le rapport à l’anglais qu’on a en étant français. J’ai appris l’anglais de la maternelle à la fac, je vivais en face de l’Angleterre ( à Calais puis à Dunkerque) et en arrivant en Inde, je me suis dit: « Oh put** je suis dans la mer**, je ne comprends strictement rien et ils ne me comprennent pas… » Il m’a fallu du temps mais maintenant c’est bon, je parle anglais, je comprends ce qu’on me raconte. Je peux avoir une vraie conversation dans cette langue. Sans le voyage, je crois que je serais restée toujours avec cette faille linguistique…

    • Elodie Souslikoff Reply

      Merci beaucoup Julie pour ton témoignage 🙂 Quel plaisir d’entendre ce genre de récit, le nomadisme me fait rêver (tout comme l’Inde) donc cela me parle énormément ce que tu racontes. Je te souhaite une belle et longue route dans ce nouveau mode de vie !

  4. Merci pour cette belle experience , ça me motive encore plus car j’aime une vie de challenge.

    • Elodie Souslikoff Reply

      Exactement 🙂 En espérant que ça te motive à entreprendre tout ce qui te tient à coeur. La vie à l’étranger est vraiment riche et je ne regrette pas une seule seconde mon choix, malgré les difficultés inhérentes !

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