Berceau du street art, des squats, des punks et de la communauté turque, Kreuzberg est LE quartier emblématique du Berlin underground, un peu cracra et branché à la fois, que bon nombre de touristes viennent chercher.

Situé à l’Ouest pendant la séparation de Berlin par le mur, il était à l’époque délaissé de par sa proximité avec le rideau de fer.

Aujourd’hui repère à hipsters, l’ambiance est un délicieux mélange des genres… et de gens : les cafés vegan immaculés côtoient les kebabs qui sentent la friture, les punks sirotent leurs bières de bon matin tandis que les mamas turques s’affairent dans les étals des marchés, les employés de start-up pressent le pas en avalant leur café au lait de pâquerette…

Au-delà de l’atmosphère, Kreuzberg est un quartier incontournable lors de votre visite de Berlin car il abrite des oeuvres de street art historiques, dont certaines sont reconnues à l’échelle mondiale. Ces oeuvres sont aussi un moyen alternatif de découvrir l’histoire de Berlin, à travers les yeux d’artistes du cru ou internationaux, à l’écart des sentiers touristiques classiques.

Découvrez ci-dessous l’itinéraire avec l’adresse des principales oeuvres à découvrir, cliquez sur la vidéo ci-dessus pour avoir un aperçu de ce qui vous attend et apprenez-en un peu plus sur les oeuvres incontournables et leurs auteurs en poursuivant la lecture de l’article.

8 oeuvres de street art incontournables à Berlin Kreuzberg

1. Près du pont de Friedrichshain: The Pink Man – Artiste : Blu

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Le célèbre personnage rose exécuté par l’Italien Blu se trouve au pied du Watergate.

C’est probablement la fresque que je préfère à Kreuzberg. Réalisé en 2007 lors du Backjumps festival, un événement dédié au street art, « The Pink Man » orne le mur devant la célèbre boîte de nuit Watergate, face à la Spree, au pied du magnifique pont rouge Oberbaumbrücke.

Cette oeuvre monumentale représente un bonhomme rose géant aux yeux vides. En vous rapprochant, vous vous rendrez compte que cet inquiétant personnage est formé d’une multitude d’individus qui semblent effrayés. Seul un homme se démarque, en blanc, que le géant s’apprête à dévorer.

J’aime beaucoup cette oeuvre pour la métaphore qu’elle sous-entend : le monstre rose pourrait s’apparenter à un régime totalitaire, ces derniers se nourrissant en effet de la peur des individus, qui, en se soumettant, font grossir le régime en place. Ce monstre rose souligne l’importance que la peur et la soumission d’une masse d’individus ont dans la mise en place de régimes totalitaires.

Adresse : Falckensteinstraße 49, 10997 Berlin

L’artiste : « The Pink Man » a été réalisé par Blu, un artiste italien reconnu sur la scène street internationale. A Berlin, il est une icône car, en 2014, il a effacé une de ses fresques emblématiques pour éviter la spéculation immobilière autour de cette oeuvre, qui était devenue un symbole à Berlin. On y voyait un homme en costume menotté par deux montres en or. Une autre oeuvre lourde de symbole qu’il a réalisée à Berlin se trouve sur la Köpenickerstrasse. On y voit les pans d’un mur tomber puis se reformer sous forme de billets de 100 euros…

2. Yellow Man – Artistes: Os Gêmeos

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L’univers enfantin des jumeaux brésiliens Os Gêmeos.

Ce drôle de personnage au teint d’or fait partie d’une des plus anciennes fresques de Berlin : 2005 (un record pour du street art) ! Ce bonhomme aux traits enfantins est la marque de fabrique de leurs créateurs, Os Gêmeos, des jumeaux brésiliens « papas » de la scène street art : leurs premières oeuvres datent en effet de 1987 !

Les deux artistes de Sao Paulo, Otavio et Gustavio Pandolfo de leurs vrais noms, réalisent des oeuvres un peu partout dans le monde dénonçant les problématiques sociales et politiques du Brésil, à travers un univers métissé et faussement naïf.

Adresse : Oppelner Sr. 3, 10997 Berlin

Pourquoi du jaune ? L’origine de la couleur jaune, qui caractérise tous les personnages d’Os Gêmeos, n’est pas très claire. J’ai entendu lors d’une visite guidée qu’il s’agirait d’une couleur neutre, d’autres évoquent la positivité du jaune, ou le fait qu’il s’agisse d’une couleur du drapeau brésilien. Enfin, j’ai aussi lu que les deux frères se seraient un jour rendu compte qu’ils rêvaient tous les deux d’un même personnage au teint pissenlit… Quoiqu’il en soit, si vous voyez des bonhommes au teint jonquille sur les murs d’une ville, vous saurez par qui ils ont été créés 😉

3. Le baiser englouti ou « Rounded Heads » – Artiste: Nomad

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Ce drôle de baiser serait-il un remake du célèbre baiser ornant l’East Side Gallery ?

Juste en face du bonhomme jaune d’Os Gêmeos se trouve une fresque réalisée par un artiste made in Berlin : Nomad, qui est aussi DJ et vit toujours dans la région.

Pour trouver l’oeuvre, vous devez traverser la route et regarder en direction de la Schlesisches Tor (contrairement au Yellow Man qui se trouve dans l’autre sens). J’ai bien mis 5 minutes avant d’apercevoir cette drôle d’étreinte.

Je vous avoue que la symbolique de la fresque me laisse encore perplexe. On y voit deux personnages sans visage en train de se prendre dans les bras. L’un porte un voile ou une capuche et des gants noirs, l’autre non. Ma théorie pencherait du côté d’une réinterprétation de la fameuse oeuvre de l’East Side Gallery, Le Baiser, où on voit Brejnev, ancien chef de file de l’URSS et Honecker, ex-dirigeant de la RDA, échanger un baiser à la russe. Ce cliché avait fait sensation lors de sa publication dans Paris Match car il symbolisait la soumission de la RDA au régime communiste de l’URSS.

Nomad, le succès hollywoodien. Nomad est un artiste berlinois pur jus connu pour avoir fait tourner la tête de grandes stars américaines comme Ashton Kutcher ou Salma Hayek, qui lui auraient acheté des oeuvres. Une drôle de success story pour ce Berlinois biberonné à la culture punk, hip hop et hardcore berlinoise et qui fut pendant quelques mois SDF à San Francisco…

4. « No child is born a criminal » – Artiste: Alaniz

Je voulais absolument vous parler d’Alaniz, ce street-artiste argentin basé à Berlin. Parfois comparé au  grand maître de l’art urbain Banksy, Alaniz possède une démarche artistique bien personnelle. D’abord, il peint au rouleau. Ensuite, il peint au rouleau des fresques murales gigantesques.

Mais ce qui fait sa particularité, c’est que la plupart d’entre elles ne sont pas des commandes. Car oui, les oeuvres esthétiques et soignées qui ornent les murs de toutes les villes du monde sont pour la plupart réalisées sur commande (de la ville, du propriétaire d’un immeuble, d’une marque, etc.).

Alaniz, cependant, réalise ses oeuvres monumentales de manière illégale, avec son rouleau télescopique, sur des murs délabrés, abandonnés, bref, en un mot : moches.

Son objectif est de leur redonner vie mais aussi de rendre ses lettres de noblesse au quartier qui l’entoure, souvent lui aussi délaissé, ou, comme on dit, défavorisé.

Adresse : Curvystrasse 13-14, 10997 Berlin

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5. Unter der Hand – Artistes: Case Maclaim

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Tout au bout de la longue Köpenicker strasse, la fresque de Case Maclaim vous tend les bras… ou plutôt les mains ! Réalisée par un artiste allemand, Andreas von Chrzanowski alias Case, en 2014, cette fresque est un symbole d’unité avec la superposition de deux mains différentes.

Cette fresque, réalisée à la bombe aérosol, frappe par son réalisme, qui est d’ailleurs la marque de fabrique de l’artiste, pionnier du mouvement photoréaliste en street art avec le collectif Case Maclaim, composé de deux autres membres, Akut et Rusk.

Adresse : Köpenicker Str. 79, 10179 Berlin

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6. Face Time – Artistes: Various & Gould

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La diversité berlinoise exprimée sur un visage.

Celle-ci, vous ne la louperez pas si vous descendez la Heinrich Heine Strasse depuis Alexanderplatz ! Réalisée en 2015 dans le cadre du projet « Face Time Series », cette oeuvre gigantesque a nécessité pas moins de 12 jours de travail.

Une prouesse technique et artistique réalisée par le duo Various & Gould, à la base spécialisé dans la sérigraphie et le collage. La fresque est d’ailleurs inspirée d’une sérigraphie qu’ils ont cette fois réalisée à la peinture, via une technique de points dessinés au-dessus de couches de peintures.

Le résultat montre un visage composé de traits appartenant à différentes personnes, illustrant l’incroyable diversité culturelle qui caractérise la capitale allemande.

Adresse : Heinrich-Heine Strasse 36, 10179 Berlin

7. We are in Puglia – Artiste: Agostino Iacurci

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Deux visages, presque identiques, se font face, à l’image de Berlin-Est et Ouest.

Poursuivons la visite avec une fresque réalisée par un Italien, (encore un !), Agostino Iacurci, dans le cadre du 25e anniversaire de la chute du mur de Berlin (en 2014 pour les nuls en histoire).

Sur cette oeuvre gigantesque, aujourd’hui perdue au milieu des travaux, on y voit deux visages, quasiment identiques, se regardant. Comme les quartiers de Berlin-Est et Ouest, ces bouts de ville quasiment similaires mais séparés par le Rideau de fer pendant 28 ans, ces deux visages se font face, sans se toucher, l’un nuageux et bleu, l’autre ténébreux et enraciné.

Pour la petite histoire, il s’agit d’une commande de la région des Pouilles, qui voulait aussi probablement créer un rapprochement entre cette région du Mezzogiorno et la capitale allemande.

Adresse : Prinzenstrasse 32-35, 10969 Berlin

8. Street art à Berlin Kreuzberg: l’incontournable Astronaut/Cosmonaut – Artiste : Victor Ash

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Le cosmonaute le plus célèbre de Berlin se trouve tout près de la Kottbusser Tor !

On termine notre safari street art à Kreuzberg avec une oeuvre réalisée par un tricolore ! Le Parisien Victor Ash est en effet l’auteur de cette fresque située à cheval entre l’Oranienstrasse et la Mariannenstrasse, à deux pas de la très animée Kottbusser Tor (« Kotti » pour les intimes), poumon battant d’un Kreuzberg métissé et nébuleux.

Réalisé en 2007 lors du Backjumps Festival, il s’agit du plus grand pochoir au monde. L’astronaute, qui mesure quand même 22 mètres de haut et 14 de large, est un hommage à la chanson « Space Oddity » de David Bowie, qui a vécu trois ans à Berlin, entre 1976 et 1978.

Dans la lune, les Berlinois ? Si le cosmonaute géant est devenu culte à Berlin, c’est parce qu’il symbolise bien plus que cela : piqûre de rappel de la guerre spatiale entre l’URSS et les Etats-Unis lors de la Guerre Froide, le cosmonaute représente aussi bien les Berlinois, rêveurs, artistes, ce troupeau de « black sheep » qui, ici, vivent sur leur planète à eux.

Adresse : Oranienstrasse 195, 10969 Berlin

Cette liste est bien sûr non exhaustive et il existe bien d’autres fresques de street art à Berlin et cette sélection est totalement subjective mais il s’agit, de mon point de vue, une bonne base pour découvrir la culture street art à Berlin.

Si vous utilisez l’itinéraire que j’ai créé, n’hésitez pas à poster un commentaire, ou à me taguer (@bonjour__berlin) dans vos publications Instagram !

Mes astuces en plus pour découvrir du street art à Berlin

  • Téléchargez l’application Street Art Cities. En vous géolocalisant, cette application lancée par des passionnés liste les oeuvres situées autour de vous. En cliquant sur chacune d’elles, vous pourrez voir la photo, un texte explicatif et, surtout, l’adresse exacte !
  • Pour en savoir plus sur la culture des arts de la rue et du Berlin underground, je vous conseille de réserver une visite guidée avec Berlin Alternative Tours (en anglais). J’ai effectué celle sur le street art et j’ai appris beaucoup d’anecdotes et de faits sur cette partie de Berlin dont il est difficile d’obtenir des informations, comme les squats, les artistes de rue berlinois les plus influents, les différentes techniques pour graffer, etc.
  • Allez faire un tour à l’Urban Nation, qui a ouvert un musée sur le street art et permet de se documenter sur cette art contemporain en plein essor.

Tchüssi !

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2 Comments

  1. Article encore une fois très intéressant, où l’on sent que tu es passionnée par le sujet.
    La prochaine fois que je viendrais à Berlin je regarderais tout ça d’un œil totalement différent ! J’utiliserais sans doute ton itinéraire d’ailleurs 😉
    (Je découvre aussi au passage ta chaîne youtube, bravo pour t’être lancée ! :))
    A bientôt !

    • Elodie Souslikoff Reply

      Merci beaucoup, j’y ai passé pas mal de temps en effet mais je trouve cet art passionnant en effet. Et merci pour Youtube, je débute juste en effet 🙂 A bientôt !

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